L'hôpital
vous répond

En partenariat avec la radio france bleu pays basque, "l'hôpital vous répond" permet au grand public de poser ses questions sur un sujet de santé publique à des professionnels du Centre Hospitalier de la Côte Basque.
Les réponses sont ensuite données lors de l'émission "la vie en bleu". Le Podcast de l'émission et une synthèse des réponses sont disponibles sur cette page.
Il ne s’agit pas d’une consultation en ligne.

Le 1er juin, l'Hôpital répond à vos questions sur le cancer du col de l’utérus.

Intervenant : 

  • Dr DREAN, médecin gynecologue au Centre Hospitalier de la Côte Basque

En France, on détecte chaque année près de 3000 cancers du col de l’utérus responsables d’environ 1100 décès.

Les recommandations en termes de dépistage pour les femmes entre 25 et 65 ans ont récemment évolué. La vaccination contre les papillomavirus, à l’origine de ce cancer, est désormais recommandée aux jeunes garçons et jeunes filles à partir de 11ans.

Quels sont les facteurs protecteurs contre ce cancer ? Quels signes doivent alerter ? Quand dois-je me faire dépister ? En quoi consiste le dépistage ? La vaccination contre les papillomavirus, pour qui et quand ?

Replay de Radio france bleu pays basque du mardi 1er juin 2021 : 
"l’hôpital vous répond : Comment prévenir le cancer du Col de l'Utérus ?"

Les réponses à vos questions

En France, on dénombre 3000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus chaque année et 1000 décès. Ces chiffrent stagnent depuis environ 20 ans.
  • Comment prévenir ce cancer ?
    Il existe plusieurs méthodes pour le prévenir en fonction de l’âge des personnes :
      - Une cytologie qui correspond au frottis,
      - Un test HPV (recherche de virus appelés les papillomavirus humain ou HPV)
      - La vaccination anti-HPV
  • Il existe un vaccin contre les papillomavirus, quand est-il administré ?
    Ce vaccin concerne les garçons (nouveauté depuis 2019) et les filles à raison de 2 doses entre 11 et 14 ans.
    Il y a un rattrapage possible avec 3 doses entre 15 et 19 ans.
    Cette vaccination est aussi recommandée aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes car ils ont des risques de développer des cancers plus spécifiques liés à une infection HPV. Ils bénéficient d’un rattrapage possible jusqu’à 26 ans.

    Dans les pays anglo-saxons, cette vaccination peut être effectuée jusqu’à l’âge de 45 ans.
    En France, les caisses d’assurance maladie prennent en charge à 100 % la vaccination des populations dans les tranches d’âges citées à l’instant.

    Il est important de préciser que plus le vaccin est réalisé tôt, plus la réponse immunitaire est importante, donc plus le vaccin sera efficace.
    En résumé, il est préférable d’être vacciné entre 11 et 14 ans pour davantage d’efficacité.

  • Comment se passe le dépistage ?
    Cela passe généralement par une consultation avec un médecin généraliste, une sage-femme, un gynécologue-obstétricien ou un gynécologue médical, qui procède à un interrogatoire puis pratiquera un examen clinique. Celui-ci consiste à la pose d’un spéculum, on utilise une petite brossette (comparable à un coton-tige) pour frotter le col de l’utérus et attraper les cellules qui s’y trouvent. Cela est très rapide, 1 à 2 minutes.
    La pose du spéculum est désagréable mais le test en lui-même est indolore.

    Il existe une autre méthode : l’auto-prélèvement.
    Il est surtout développé auprès des populations qui ne viennent pas en consultation. Il y a en effet, une frange de la population qui ne fait jamais son dépistage et malheureusement c’est souvent chez ces femmes qu’on va découvrir un cancer à un stade avancé.
    Il s’agit d’une population plutôt rurale et les personnes issues des plus bas niveaux socio-économiques.

  • Qui doit se faire tester ?
    En France, depuis de nombreuses années, le dépistage est organisé à partir de l’âge de 25 ans.
    Depuis fin 2019, un nouveau protocole a été défini : on propose un 1er frottis à l’âge de 25 ans puis un autre à 26 ans et enfin un contrôle à 29 ans.
    A partir de 30 ans, on passe à la réalisation d’un test HPV qui consiste à rechercher les papillomavirus humains.
    Ce test étant plus sensible que le frottis sur le plan statistique, on peut augmenter la durée entre 2 examens et les espacer de 5 ans puisque le cancer du col de l’utérus est une pathologie d’installation lente.
    Si ce test HPV revient positif, un frottis est alors réalisé sur le même flacon de prélèvement par le laboratoire. Dans ce cas, la patiente aura bénéficié d’un test HPV et d’un frottis.
    Pour résumer : on réalise 3 frottis de 25 à 30 ans puis on passe à la réalisation du test HPV de 30 à 65 ans, à réaliser tous les 5 ans.

    Le pic de fréquence du cancer du col de l’utérus est aux alentours de 41 ans, c’est la raison pour laquelle le test débute relativement tard.
    Il y a extrêmement peu de cancer avant cet âge.

  • Comment est réalisé un test HPV ?
    Pour la patiente, un test HPV et un frottis sera le même acte expliqué tout à l’heure : pose de speculum et brossette pour frotter le col de l’utérus pour attraper les cellules qui s’y trouvent.
    La différence se fait au laboratoire d’analyse sur la technique utilisée pour l’étudier.

    Lorsque le test HPV est positif et que le frottis se révèle anormal, il faut réaliser une colposcopie. En quoi consiste cet examen ?
    L’objectif de la colposcopie est de déceler des lésions précancéreuses du col de l’utérus, qui ne sont pas graves mais qui peuvent potentiellement évoluer vers un cancer du col de l’utérus si elles restaient méconnues.

    C’est un examen du col et du vagin réalisé par un médecin avec une loupe et des colorants.
    Sous l’effet des colorants, l’aspect du col se modifie. En fonction des modifications de couleurs, le médecin peut-être amené à réaliser une biopsie pour s’assurer qu’il n’y ait pas de lésions précancéreuses du col de l’utérus. Cet examen n’est pas douloureux mais désagréable.

  • Que se passe-t-il lorsque l’on détecte un cancer du col de l’utérus ?
    Dans un 1er temps, il y a le pré-cancer. On en distingue 3 types :
      - CIN (néoplasie intra cervicale) de type 1 : c’est une pathologie qui n’est pas grave. Dans 70% des cas, elle guérira seule dans les 2 ans après sa formation. Il n’y aura qu’une surveillance, aucune prise en charge sur le plan chirurgical.
      - CIN 2 et 3 : cela correspond à des lésions de haut grade. Il y a davantage de risque d’évolution vers un cancer du col de l’utérus.
      - En fonction de l’âge des patientes, on proposera une conisation (ablation d’une petite partie du col) pour enlever cette lésion et l’envoyer en examen pour s’assurer du type de lésion. Cela sera suivi d’une surveillance différente que celle de la population générale à savoir un test HPV à 6 mois puis tous les 3 ans.
    Pour le cancer du col de l’utérus, cela dépend du stade, de la taille du cancer, des métastases ou emboles lymphatiques. En fonction de ces éléments, les protocoles varient.

    Il faut retenir que pris en charge à temps, c’est une pathologie qui guérira. C’est pour cela que le dépistage est primordial.
    Si on se fait dépister, il y a très peu de risque de développer un cancer.


    Pour conclure, rappelons encore une fois l’intérêt de la vaccination contre le HPV pour les filles ET les garçons dès 11 ans et l’importance du dépistage chez les femmes dès l’âge de 25 ans jusqu’à 65 ans.