L'hôpital
vous répond
Les réponses sont ensuite données lors de l'émission "la vie en bleu". Le Podcast de l'émission et une synthèse des réponses sont disponibles sur cette page.
Il ne s’agit pas d’une consultation en ligne.
Le 2 février, un médecin ORL a répondu à vos questions sur les troubles auditifs.
Intervenants :
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Intervenant : Dr Philippe Cuvelier, médecin ORL (exercice libéral) Bayonne
En France, les troubles de l’audition concernent 9 millions de personnes.
65% des personnes concernées ont moins de 65 ans, mais ces troubles peuvent apparaitre à tous les âges de la vie.
Ils se présentent sous la forme de pertes auditives, d’acouphènes, d’hyperacousie, de presbyacousie…
Au-delà de la gêne occasionnée, ces troubles peuvent avoir des conséquences sur la sphère sociale : repli sur soi, isolement, anxiété…
Comment se protéger ? Quels signes doivent alerter ? Qui consulter ? En quoi consiste le dépistage ?
"l’hôpital vous répond : Mauvaise audition, quels signes doivent vous alerter"
Les réponses à vos questions
- Les problèmes d’audition concernent-ils tout le monde quel que soit l’âge ?
Les problèmes d’audition concernent tous les âges de la vie.
A la naissance, un dépistage néo-natal est réalisé. Il est le seul dépistage auditif systématique.
A l’entrée à l’école lorsque les difficultés scolaires s’installent, il faut se poser la question d’éventuels troubles auditifs.
Lorsqu’on travaille dans le bruit toute la journée, il est intéressant de réaliser des contrôles et d’envisager des protections.
Enfin à l’âge de la retraite, la presbyacousie peut survenir. Il s’agit de la surdité liée à l’âge.
- Détecte-t-on rapidement les problèmes d’audition ?
Les dépistages de problèmes visuels sont généralement réalisés tout au long de la vie, contrairement aux troubles auditifs. Ces problèmes sont souvent négligés et la consultation arrive tardivement.
- Quels sont les motifs qui amènent à consulter ?
Les signes qui doivent amener à consulter un ORL pour réaliser un bilan auditif complet avec un audiogramme sont :
- La sensation de perte d’audition ;
- La sensation de plénitude d’oreille (sensation d’oreille bouchée) ;
- Les sifflements ou grésillements d’oreille. Ce qu’on appelle les acouphènes ;
- L’hyperacousie : lorsque les sons sont perçues de manière particulièrement forte voir douloureuse contrairement à ce que perçoit l’entourage ;
- La presbyacousie : perte de l’audition liée à l’âge.
- Qu’est-ce qu’un audiogramme ?
C’est un élément important de la consultation. Il permet l’étude du seuil de détection des sons avec l’envoi de sons mais il détecte également les difficultés de compréhension avec la diffusion de mots.
On évalue le seuil de détection des sons sur différentes intensités sonores à différentes fréquences : des fréquences basses (250htz) jusqu’aux hautes (8000htz). Cela est nécessaire car toutes les surdités sont différentes.
L’audiogramme mesure aussi la compréhension via une détection vocale. On demande à la personne de répéter des mots qui sont diffusés à des intensités sonores différentes, ou avec du bruit pour simuler la compréhension dans une situation familiale par exemple.
- En ce qui concerne la presbyacousie, les personnes identifient-elles rapidement qu’elles souffrent d’un trouble auditif, ou cela vient-il plutôt des remarques de l’entourage ?
La phrase type que nous entendons de nos patients est « j’entends, mais je ne comprends pas très bien ». Ils ont généralement eu des remarques de leur entourage, et parfois s’isolent afin d’éviter de faire répéter plusieurs fois. Ceci est signe de presbyacousie.
Ces personnes tardent souvent à consulter car elles savent que l’appareillage est la seule manière de prendre en charge ce trouble en 2021.
Lorsque l’appareillage est mis en place, la personne récupère son audition complète. Cependant, quand elle tarde trop à venir consulter, la compréhension s’est dégradée dans l’intervalle.
Il faut savoir que la fonction auditive est stimulée par la conversation. Plus la vie sociale est riche, plus la fonction auditive aura tendance à évoluer moins vite.
L’oreille envoie un message au cerveau qui le comprend. Une perte auditive pour laquelle l’appareillage arrive tard va amener le cerveau à involuer (perte de vocabulaire, perte de reconnaissance des mots, perte de compréhension).
Il est donc important de venir consulter au plus tôt pour envisager un appareillage qui convienne.
- Comment peut-on prendre en charge les acouphènes ?
Il y a des solutions thérapeutiques pour traiter les acouphènes. Mais dans un 1er temps, on en recherchera la cause et c’est celle-ci que nous essayerons de traiter.
Lorsqu’il n’y a pas de cause, l’acouphène est dit essentiel, c’est-à-dire que le symptôme est la maladie en soi.
Il existe des traitements médicamenteux qui favorisent la microcirculation de l’oreille interne.
Une prise en charge psychologique pour se déconditionner de ce sifflement est souvent nécessaire également.
Il y a une part de cognitif, une part de stress dans cette pathologie. L’acouphène entretient l’acouphène, on a souvent tendance à focaliser dessus ce qui amplifie la gêne.
C’est pourquoi cette prise en charge globale est préconisée.
- A-t’on fait des progrès dans la prise en charge des problèmes auditifs ?
De très importants progrès ont été réalisés sur les maladies de l’oreille, chirurgicalement et médicalement, qui permettent de soulager ces problèmes en évitant l’appareillage auditif, tout du moins d’emblée.
Toutes les surdités et les causes de surdité sont différentes. Il existe des traitements différents en fonction du type de problème.
- Les « magasins d’audition » sont-ils des lieux fiables pour effectuer un test auditif ?
Les audioprothésistes réalisent des dépistages auditifs fiables mais ils ne vous donneront pas de diagnostics. Si besoin, ils vous orienteront vers une consultation ORL.
Le spécialiste ORL fera un bilan auditif avec un audiogramme complet pour voir s’il y a une surdité, en évaluer le type mais également en voir la cause.
En fonction, il pourra vous proposer un traitement (médicamenteux, chirurgical ou appareillage).
Pour bénéficier d’un appareillage, il faut une prescription d’un ORL qui en précise les modalités.
- Il existe plusieurs types d’appareils auditifs, pourquoi ? Quelle est leur prise en charge ?
Les appareils auditifs ont énormément évolué en taille et en performance. Il est nécessaire de les essayer et c’est le cœur de métier des audioprothésistes que de travailler avec vous le réglage qui vous convient.
Aujourd’hui, certains appareils auditifs en fonction de la surdité et du type d’appareillage sont pris en charge par la sécurité sociale.
- Les coton-tiges sont-ils utiles ? Présentent-ils des risques ?
Ils ne sont effectivement pas utiles. Ils favorisent les bouchons de cérumen et peuvent parfois provoquer des traumatismes du conduit ou des irritations.
La meilleure façon de se nettoyer les oreilles reste de le faire sous la douche avec un peu de savon en rinçant l’oreille à l’eau tiède.
- Comment prévenir les problèmes d’audition ?
La 1ère chose est d’éviter les bruits nocifs. Aujourd’hui il y a une obligation d’information lors des concerts ainsi que des normes à respecter.
On peut avoir une exposition moyenne jusqu’à 105db, ce qui est déjà élevé.
Il faut savoir que le seuil auditif nocif est de 85db ce qui correspond plus ou moins à une tondeuse à gazon. Le seuil douloureux se situe à 120db (marteau piqueur).
Quand on aime écouter de la musique forte, il y a l’intensité sonore mais aussi la durée d’exposition. Lorsque celle-ci est de plusieurs heures, il y a une nocivité sur l’oreille.
Il reste fortement recommandé de mettre des protections auditives. Il existe des bouchons antibruit qui laissent passer certaines fréquences et qui n’altère pas la qualité musicale.
Il est également possible de se faire faire des bouchons sur mesure chez un audioprothésiste.